samedi 8 janvier 2011

je ne crois pas au temps, je n'y arrive pas.

.


dans le tapis d'herbe dressée
où le cygne nettoie son bec
dans le petit choc répété
de l'eau contre le bord
l'eau comme du miel
jaune, brun et transparent
où un visage s'enfonce.

la mort lui donne une réverbération particulière, sous la surface de l'eau,
caché dans la lumière d'été
vaseuse et douce.
C'est comme s'il savait tout et se taisait.
Au repos je regarde comme il s'enfonce
- dans cette eau jaune cette sagesse,
ce secret.

il est si difficile de faire la part des choses
entre ce que je lui prête
- ma pensée tourne autour de ce visage,
de ces traits absents -
et sa propre pensée repliée dans la mort
derrière ces yeux d'ombre,

cette fine bouche close.

Tu as vécu il y a longtemps
il y avait les choses
telles qu'elles t'apparaissaient,
telles qu'elles se faisaient alors :
tous les goûts de toutes nourritures dans la caverne de ta bouche
ce que tu broyais entre tes dents
les odeurs que l'air déplaçait autour de toi, invisibles
et qui t'atteignaient parfois, t'entouraient, entraient......

et les tissus d'alors
plus raides, rêches, glissants, lourds
plus frais
plus rarement achetés,
avec des noms comme gabardine, pilou.
Bref, la vie un peu différente.
et aussi cette énigme simple : avoir un corps d'homme.

tout cela forme une bulle sans paroi devant laquelle
mon esprit doit s'arrêter
- bulle calme comme l'eau qui noie
de plus en plus profondément ton visage (tu t'éloignes)
et goûte un arrêt du temps, comme une faille.
il n'y a plus rien à prendre ni à vouloir de toi.

et toi,
veux-tu de l'oubli ?



(KOOLHYDRAAT 2, d i v)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Regarde ma gueule .J’aimerais sourire .Regarder le ciel avec mes grands yeux


Pour te voir revenir .Et serrer ta petite tête dans mes mains .Mais .Il est trop tard


On coupe des fenêtres .On cherche une épaule dans le sol dur .D’autrefois


.Et puis on se retourne .On cherche les formes et les couleurs qui nous allaient


si bien .Je peins ta bouche avec des fenêtres .Avec ce que je trouve


.Le souvenir étiolé .La lumière qui a blanchi les murs .Pour pouvoir écrire


.Autre chose que ça .Mon visage plein de pluie .Qui coule le long d’un mur étroit


.J’avais mis le mouchoir .J’avais mis le mouchoir .J’avais mis le mouchoir


.Derrière ton dos .Farandole d’éclipse .Peau .Qu’on pouvait toucher avec son ongle


.Matin noir .Et puis on s’en va .Mer rouge .Tableau accroché dans la chambre


celui qui nous empêchait de dormir .Les matins clairs .Comme les vêtements qu’


on portait sur soi pour disparaître dans la forêt magique .Tu te souviens comment


on les étranglait les instants rouges .Et puis on est parti .On a jeté l’encre .Des


derniers sourires .Et je suis là .Et je te contemple .Sous les draps tu dors .On


reviendra peut-être pas

Claire a dit…

on ne peut pas rester entre soi et soi,
il faut toujours que quelqu'un vienne dire ce qu'on ne pouvait pas savoir,
vienne regarder.
et le temps ne compte pas beaucoup.

(merci)

Anonyme a dit…

De presque rien .Claire.





olivier

Claire a dit…

Il me semble que "presque rien", c'est la seule chose qu'on puisse vraiment donner. Peut-être ça ressemble à être soi-même, être là.

Tout ce qu'on donne en plus, on le donne aussi pour soi, et c'est autre chose.

Du coup, "presque rien" est la seule chose nécessaire, et c'est suffisant. J'aurais du mal à expliquer pourquoi, mais je crois que l'art prend sa source dans ce "presque rien".