mardi 10 mai 2011

il faut être seul

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j'ai vu tes armes
longtemps après que tu les aies posées
quelque part - ce n'étaient plus les tiennes, elles étaient seulement là, derrière un mur. Les armes existent plus
que ce qui les entoure,
que l'espace où elles pèsent :
une couche mêlée de poussière et de cailloux.

ce lieu indifférent
où, avant que tu ne les y laisses
rien n'avait été vu par moi ni par personne
sauf peut-être par celui qui avait construit le mur,
regardé en partant l'ombre brune diagonale
que le soir y découpe.

ainsi n'est pas l'ombre
qui s'étend à tes pieds, dans des parallèles grises
avec les troncs des arbres proches, les hampes,
perdues dans la douceur sans fin des herbages en été,
au printemps.

oui, et surtout ton ombre est ronde
sous la table, et presque noire,
à midi le venin du bourdon ne menace rien.

L'ombre de tes armes est entièrement cachée.

Menace seulement tes armes - dans leur ombre
la rouille qui naît
de l'humidité des orties, du mur blanc.

1 commentaire:

Hamster (Christophe) a dit…

J'aime cette évocation des armes, du dépot des armes.
On sent la lassitude de celui qui cherche la paix, qui a peut-être renoncé, mais non sans fierté. Sa dignité resté là, dans le non-dit, dans les mots jamais prononcés.