mardi 28 juin 2011

sillage

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sans titre


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Comme figées dans les ronces deux roues, un essieu
sous la pluie et dans le souvenir des virages
l'haleine des villes sans bord, l'enfant courbé
depuis la dernière fugue, dont on perce le secret

tu as trouvé une couleur hésitante, un long horizon
la nuance du dévers des vagues sur le sable
pur, l'écume en dessins mouvants
d'arcs posés sur le miroir, flous et tremblants

fugaces - ton pas interrompt leur recul et tu t'adosses
à la voix criarde des oiseaux derrière toi,
tu lèves les yeux. D'autres se libèrent
- dans le même temps que toi - de la nuit, l'impossible nuit.

mardi 10 mai 2011

il faut être seul

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j'ai vu tes armes
longtemps après que tu les aies posées
quelque part - ce n'étaient plus les tiennes, elles étaient seulement là, derrière un mur. Les armes existent plus
que ce qui les entoure,
que l'espace où elles pèsent :
une couche mêlée de poussière et de cailloux.

ce lieu indifférent
où, avant que tu ne les y laisses
rien n'avait été vu par moi ni par personne
sauf peut-être par celui qui avait construit le mur,
regardé en partant l'ombre brune diagonale
que le soir y découpe.

ainsi n'est pas l'ombre
qui s'étend à tes pieds, dans des parallèles grises
avec les troncs des arbres proches, les hampes,
perdues dans la douceur sans fin des herbages en été,
au printemps.

oui, et surtout ton ombre est ronde
sous la table, et presque noire,
à midi le venin du bourdon ne menace rien.

L'ombre de tes armes est entièrement cachée.

Menace seulement tes armes - dans leur ombre
la rouille qui naît
de l'humidité des orties, du mur blanc.

dimanche 10 avril 2011

arbre

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Acacia fait d'arbre, aux cuisses disjointes,
plus debout que moi dans l'air du soir d'or
à mi hauteur de ton violent tronc dansent
les si petits moucherons.
Moi qui suis assise en dessous
les yeux sur toi je te fais mes adieux
les yeux sur ton écorce je ne te verrai plus.
tout en haut, pas encore masqué
ce nid que les pies ont abandonné
en mars.

Je vois avec quel oubli tu livres
au dessèchement tes branches basses
avec quelle ardeur tu disjoins
dans les ciel tes cuisses,
tes branches
maîtresses.

Dans la perfection du ciel de ce soir
où tu étends tes doigts si nombreux
sont aussi assises
toutes mes choses à jeter
tous les murs que mon regard atteint
et leurs fenêtres

et tout est à perdre, ici et là.

vendredi 1 avril 2011

Encre

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le ciel et l'eau n'ont plus de limite ils s'étendent
transparents et
sans couleur

là, une ligne fine et froide qui serre :
l'interface entre l'eau et l'air
je suis la ligne de mes pas
je m'enfonce.

il y a l'écriture des algues
spirales posées n'importe où
il y a l'épaule noire et la tête
sortant à peine de l'eau

à être ainsi seule
je me vois grandir
dans cette heure faite pour me contenir

et je l'emplis entièrement, errant
juste à la limite des eaux

dont l'horizontalité s'élève
écran pâle
d'un jour sans règle.

l'arrêt du soir est suspendu,
proche du coeur.

la ligne à haute tension passe au dessus

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Le long des grands fils tendus, lentement gouttent
les eaux de pluie, que personne ne voit
tandis qu'elles tombent et sitôt s'infiltrent
dans chaque motte terreuse, mouillant les arêtes pâles
des silex. La pluie répète et toujours descend
et dure ainsi le jour entier, le soir,
le début de la nuit, puis s'arrête.
Les longues portées des fils semblent prises
dans l'obscurité, nul animal ne fait entendre
le moindre cri ou bruit. Limites, buissons blottis
dans la nuit sombre, portant l'explosion silencieuse
de leurs feuilles - mille petits poings vert acide.
Moi j'ai glissé en esprit le long
de ces fils ténus, abritée sous un parapluie
gris, je portais de grandes bottes. Mais loin
de cet endroit-là, sous une autre ligne
qui lui ressemblait, sur un coteau plus rond
de terre calcaire - la pluie tombait plus fort
et j'avais presque froid.
En quel endroit
sent-on ainsi le souffle doux du temps,
sans vent ?



les long