jeudi 17 juin 2010

T G V II

Dans le monde ferroviaire, la sortie des villes se fait par l'envers des immeubles, des rues, des magasins.
Crépis, réduits grillagés, hauts murs borgnes, lucarnes de WC, tags en frise, éblouissants, partout.
Un bouquet de lignes d'acier qui s'écartent reflétant le ciel blanc, l'architecture métallique et vieillotte qui les surmonte, et le long de votre flanc, coulant à votre hauteur, les glissantes voies rapides pleines d'autos alignées, enfilées, mouvantes, si nombreuses et à peine entrevues, comme menées par rien, comme vides.
Et puis ces terrains vraiment sauvages de terre retournée, déversée en longues buttes rectilignes, parcelles de végétation entièrement confiée au hasard, où personne jamais ne se risque.
Plus loin, sur un monticule d'ordures dressée contre le ciel pâle, une silhouette humaine occupée à quelque ramassage, tri

mais peu à peu on sort, c'est la campagne.


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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bord d'enfance sur la Loire

A l’arrière du port, sur relents de fleuve fade et d’engrais de poisson sec, la poussière s’accumule au creux des rails sous les grues mobiles veillant les quais luisants. Fond de Loire en coulée de lave lente découpée de ruines basses, dans ce qui fut un quartier vingt ans plus tôt, avant les bombes.

Deux pans de mur moins effondrés forment encore un angle droit, dans l’abri duquel brille, insolite, un petit miroir métallique pendu à sa chaînette. Debout dans la brume froide, manteau de guingois sur le dossier de ses épaules, un homme se rase, une cuvette rouge à ses pieds.

On tire sur sa main pour continuer la promenade, mais l’enfant oppose une inertie fascinée. Un sentiment encore inconnu l’englue. La vue de son fleuve lui ramènera toujours par la suite, à Nantes ou en aval, triste torpeur et dépression immédiate, un étouffement gris, collant comme un brouillard.

Laisses humaines sur les rives de l’histoire, forges abandonnées aux veines de la rouille dans le béton armé, entrepôts renfrognés derrière leurs longues enceintes hérissées de spirales barbelées.

Et le vieil hôpital St Jacques où l’on enterre les fous en contrebas des boulevards.

ilex

Claire a dit…

Très très beau. Ça m'a fait penser aux évocations de "Prison", de François Bon, qui se passe à Bordeaux.

Anonyme a dit…

Je ne connaissais pas François Bon, j'ai vu qu'il animait des ateliers d'écriture pour des prisonniers et SDF, et aussi qu'il avait beaucoup lu et écrit sur Rabelais. Je vais essayer de trouver un de ses livres, merci Claire

isa-ilex