jeudi 3 juin 2010

dans la forêt lointaine

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tu descendais la rue petit, regardant
les yeux des enfants ont une façon liquide d'entrer dans les trous
(noir, oiseaux, feuilles) – et ce chemin qui te conduisait au milieu des choses
appuyées,
appuyées contre l'humide brun des corps d'adultes.
Le matin (et même quand il faisait encore nuit)
tu allais vers l'orée de ce qui ne viendrait que plus tard,
descendant la pente courbe de la rue, sur le trottoir inégal,
sous les tilleuls ronds et soumis :
il y a un bourgeon grand comme l'enfant entier, une enveloppe serrée d'écailles qui tient le corps si solidement, si violemment
prêt à l'éclatement
mais qui est à l'intérieur
miel d'une poisseuse réalité en attente.
comme leurs corps bientôt se déferont, se reformeront
avènement des odeurs
signant dans chaque creux le printemps de l'âge adulte
et dans une nouvelle façon de regarder, de discriminer : tel humain, non pas tel autre.

Tout cela en germe dans ton petit visage, tes yeux d'eau, et cet acte si simple et répété : descendre la rue chaque matin, m'attendre devant la grille, les groseilliers à fleur.

Ainsi nous agissons, menés et libres
à chaque instant de notre vie.

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