lundi 28 mars 2011

tristesse, comme une assise : I

 
la pluie a cessé mais les routes
brillent comme des rivières,
avec leurs pointillés et leurs signaux.
entre la plaine et les blancs écroulements des nuages,
les phares allumés des motos
étrangeté luttant contre le jour
Je vais bientôt cesser ces allers et retours.
la vie est sans mot......
ce que j'avais saisi entre deux doigts,
et que je relâche,
poussière bleutée, toucher de talc
va de nouveau son chemin
souffrant ou pas dans le point du jour.

Depuis que je cherche une maison j'en ai vu de nombreuses,
et dans chacune imaginé une tristesse différente.
La beauté de la tristesse me saisit entre deux doigts,
mais je vais toujours vers un autre endroit, je vais.
La diversité de la vie pèse de tout son poids
sur mon corps assis.

II :

.


emporté hier encore une trace sur le dos de la main,
et sans préjudice aucun, perdue.
il y avait cette sensation ténue, les ailes
dont la verticalité est saisie entre les doigts
sans volonté de garder.

ce qui n'est pas destiné à la possession
reprend sa progression hasardeuse
hachée et miroitante
vers le fond du jardin, où on a été invité.
il y a la douceur supérieure à toutes celles qu'on a connues
de la poussière bleu froid entre le pouce et l'index,
il y a ce qui a commandé
quand même ce geste de chasseur ?

dimanche 13 mars 2011

fruit

.

c'est le point de fusion - au centre
de la forge - dans la montagne
où règne l'odeur du métal, si proche de celle du sang.
Une sphère
pourpre au fond de la forge obscure
qu'elle emplit tout à fait,

dont elle ne se retirera pas
de toute la nuit, veillant
sur l'immobilité refroidie sur l'arrêt du travail.


comme au fond du noir en soi,
au fond du volcan éteint (cône
pesant sur l'horizon) il y a
ce lieu intime qu'on n'atteint
qu'en dormant.

de cette matière brute tirer une forme
un objet clou grille ou rambarde.


là où gronde le grand danger
de destruction et les états de la matière
absolument hors de tout - chaos,
furie, fusion.

comme le noyau rougeoyant en soi
dans sa chaleur qu'on ne peut
ni retenir ni connaître et qui
nous assied parfois de force, au bord du vide.

matrice fluide des émotions, manque, déverse-toi
- cercle laqué,
s'élargissant.

et métal, comme une eau luisante,
atteins le point le plus bas
pour t'assombrir.
 

(ça faisait des semaines que je retournais ce poème dans tous les sens sans arriver à quelque chose........Je le poste...et voilà qu'il prend une étrange allure prophétique, tout à fait involontaire. C'est assez sinistre)




(KOOLHYDRAAT 2 ; d i v) 

trop présente pour l'évoquer

.

c'était possible au fond d'un grenier froid
ou sur des routes très droites,
mais je l'ai perdu de vue.

c'était un tableau :
un chevreuil mort qui ouvrait l'oeil
sur son lit de feuilles beiges -
des chênes au dessus
et la lueur d'un vert si faible
descendant sur son front à l'aube,
quelque chose à côté du corps couché.

ou un jardin -
où je l'ai vu lové, se glissant
dans la forme du pétale
pourpre tombé d'une table en fer.....
on ne saurait pas dire d'où vient
cette lueur noyée dans le soir

ni
qui était dans le buisson
qui avait cessé d'errer,
qui était en repos ?